Un Jour Comme Les Autres. [LIBRE]

J'arrivais au lycée en avance. Mon sac sur le dos, j'observa les alentours. Déserts. Je lâcha un soupir. Mes cheveux en épis ne bronchèrent pas lorsqu'une bourrasque de vent glacial vint me fouetter. Bien entendu, je ne bougea pas. Hé, ce n'était pas le vent qui allait me faire bouger, ne serait-ce que d'un milimètre non ? Je lâcha un deuxième soupir. Toujours personne, c'était fou une chose pareille ! Que faisaient-ils tous ? J'entendis brusquement des éclats de voix, et je me rua vers sa source. Un attroupement de lycéens - voilà où ils étaient - étaient réunis en cercle. Je ne distinguais pas ce qu'ils encerclaient et, de ma petite taille et de ma silhouette menue, je me faufilai jusqu'à voir quelque chose. Deux adolescents se battaient. Je ne pus m'empêcher de sourire. Qu'est-ce que c'était lent un combat d'humains. Presque ennuyant. Pourtant, je resta là, remarquant que beaucoup me lorgnaient du coin de l'oeil. Et oui, j'étais une Cullen. Guère appréciés au lycée. Enfin, on ne savait pas si c'était pas jalousie ou par convoitise. Soudain, un des deux ados frappa plus fort que l'autre. Son 'rival' s'étala au sol, la machoire ensanglantée. Au début, ça ne me gêna pas. Pourtant, la foule m'empêchait de sortir de ce cercle, et tous criaient le nom du vainqueur. Le blessé me regarda un moment, tentant de voir pourquoi je le regardais ainsi. C'est alors que le vent souffla vers moi. L'odeur du sang me vint alors. Mes prunelles d'or virèrent au noir. Je recula maladroitement. Même après tant d'années, je restais sensible à cette odeur. Quand en serais-je immunisé ? Quand serais-je comme Carlisle ? Je ne le savais pas, mais j'espérais que ce moment ne tarderait pas trop. Des pulsions me disaient de me ruer vers lui. D'autres, des voix, me disaient de m'en aller. C'est ce que je fis, avant qu'il ne soit trop tard. Nous restions tous plus ou moins sensible au sang. Carlisle était le plus téméraire, mais nous restions tous des vampires. Je m'en alla d'une allure que je m'efforçais de garder humaine. Je me souvins le jour de l'anniversaire de Bella, où Jasper avait faillit l'attaquer, et que moi-même, j'avais dû sortir. Une fois sur le parking de l'établissement scolaire, une fois à l'abri des regards, je me mis à courire plus vite. J'en devins moins visible et atteignis ma voiture d'un seul mouvement. Dans l'habitacle, je m'efforçais de me calmer. Soudain, j'entendis des bruits de pas. Là, je me retournais, priant pour que ce ne soit pas un humain...

- Alice ?

Alice ça va ?

Heureusement, ce n'était qu'Edward. Je ne lui répondis pas, focalisée sur le moyen d'arrêter mes mains de trembler. Quand j'y fus à peu près parvenue, je me tourna vers lui, le fixant de mes prunelles sombres. Je me contenta d'hocher la tête, pour je ne sais quelle raison. Mes cheveux noirs étaient en épis comme d'habitude. Je ne portais qu'un chemisier noir, avec un jeans. Rien de plus banal. Je secoua la tête. Je ne savais pas si j'aurais la force d'aller en cours aujourd'hui. Mais j'avais assez attiré l'attention aujourd'hui, avec l'incident de ce matin, et j'y irais, juste pour ne pas que la situation s'aggrave. Soupirant, je me tourna vers Edward, mon fin minois à tête de lutin tourné vers lui. Peu à peu, mes prunelles s'éclaircissaient, mais pourtant, ma voix se fit grave.

« Edward, oh Edward, quand serais-je enfin guérie ? Quand serais-je comme Carlisle, ou même comme toi ? »

Je secoua la tête, abandonnant. Mes bras croisés sur ma poitrine, j'étais bien dans ma voiture. Soupirant, je regardais les élèves s'éparpiller peu à peu, sourcillant vers moi parfois. Enfin, nous. Toujours regardés. Toujours considérés comme différents. Nous l'étions, certes. Mais bon... Alors, mon visage presque suppliant quand je lui avais parlé, s'effaça, et je pris un air plus détendu.

« Comment va Bella ? »

Simple diversion. Je ne savais pas s'il me répondrais à ma première question. La plupart des élèves étaient rentrés, à présent, et ça n'allait pas tarder à sonner. Soupirant, je lui indiqua le lycée d'un geste du menton. * On se retrouve à la cantine de toute façon non ? * pensais-je, certaine qu'il m'entendrait. Alors, j'attendis, qu'il me réponde, ou qu'il réagisse...

- Ne t'inquiète pas. Il faut du temps, tu finiras par y arriver..

- Bella va très bien..

- Tu es certaine que ça va aller ?

Oui, je serais assez forte ! Je l'avais décidé, se serait ainsi. Et puis, ce n'était pas le moment de flancher. De plus, grâce à mon 'don', je pourrais voir si quelque chose se passait. Sauf si les loups étaient aux alentours. Je grogna. Cette idée de ne pas pouvoir les distinguer me froissait toujours. Comme si mon pouvoir avait une défaillance. Soupirant, Edward me demanda si ça allait. Alors que mes prunelles revenaient peu à peu à l'ambre, je le fixa.

« Mais oui ! On a déjà vécu pire non ? Je... je tâcherais de mieux réagir la prochaine fois c'est tout ! »

Abandonnant le sujet, j'ouvris à demi la portière. Mais je la referma. Il y avait quelque chose encore, dont je devais lui parler. L'avertir, s'il n'était pas au courant. Ou qu'il m'éclaire si il l'était. Même si il lisait dans mes pensées, si je n'y pensais pas, il ne pouvait le voir. Hésitant si je devais lui en parler ou pas, je décida que oui. De toute façon, je pense que tous les Cullen mériteraient de le savoir. Vite. Très vite même.

« Dis Edward, tu es au courant qu'il y a La Première Vampire dans les parages ? Oui, je sais, c'est fou comme idée, mais c'est bien vrai. Et puis, plein de choses bizarres se passent aussi, aux alentours, comme des disparitions... Tu penses que c'est elle ou..., je frissonna. ... un autre ? »

Ma voix s'était faite cassante vers la fin. Oui, tout cela m'effrayait un peu. Pas dans notre propre sécurité, car les Cullen ne pouvaient pas craindre un vampire, ou même deux. Je me souvenais la bataille contre les nouveau-nés, qu'est-ce que ç'avait été excitant ! Non, ce que je craignais, c'était que nous soyons dénoncés. Ce que je craignais, c'était que les Volturi s'en mêle. Je ne craignais pas beaucoup de vampires. Mais eux, je les craignais...

- Tu as très bien réagis Alice, ne t'en fais pas..

- Hephylie ?

Hephylie Kyllian ?

- Il n'y a aucun doute.. Tu as prévenu Carlisle ? Nous devons intervenir et rapidement .. Ou les Volturis risquent de s'en mêler ..

Tout s'accéléra d'un coup. J'entendis les paroles d'Eward, et avant que j'ai pu lui répondre, il avait enchaîné. Le nom de la vampire me fit frissonner. Je revoyais son image, parfait portrait de l'ultime vampire. Pas l'ultime. La Première. Je tressaillis. Oui, je me souvenais trop bien de la visite des Volturis. Trop bien pour le nier. Alors, dès qu'il me demanda si j'avais averti Carlisle, je secouai la tête, paniquée.

« Non, je n'a pas eu le temps ! Je ne l'ai dit qu'à toi et à Bella ! Je l'ai... »

Ne s'inquièterait-il pas, si je lui disais cela ? De toute façon, je devais lui dire.

« Oui, Hephylie, je l'ai croisé... il y a pas longtemps... dans les bois. Elle... elle m'a dit de venir vous prévenir, mais je... Edward, je suis désolée... je... »

Il pensait que j'étais désolée de ne pas les avoir prévenus. Pour ça, tout d'abord. Mais aussi pour autre chose. J'avala péniblement, me forçant à respirer même si je n'en avais pas besoin. J'avais fourni à la vampire aux prunelles rouges ce qu'elle voulait entendre. Je lui avais fourni le détail qu'elle voulait. Si les Cullen venaient à leur perte... ce serait de ma faute. Je me tourna vers Edward, impuissante. Il avait lu dans mes pensées, j'en étais sûre ! Mais je n'avais pas pensé ce que je lui avais dit. Non, et je m'efforçais de ne pas y penser. Celà l'affolerais encore plus. Trop... Mais que faire alors ? Je le regarda de mes prunelles graves. Mes mains tremblaient. Soudain, je me repris. Pourquoi cédais-je à une panique telle que celle dont j'étais proie ? Je respira profondément, puis fixa Edward. Tant pis pour la culpabilité, il aura deux options. Soit il me sermonera, soit il me soutiendra.

« Edward... je lui ai dit notre nom... »

- Alice ? Alice qui a-t-il ?

- Alice, reprend toi ! Nous devons aller voir Carlisle et rapidement. Dit moi tout ce qui c’est passé..

Je ne comprenais plus rien. Les paroles d'Edward venaient imprécises à moi, et je l'entendais mal. J'avais fait une erreur. Oui, ok, mais ce qui était fait était fait ! Il me stressais, il me destabilisais, et je n'arrivais plus à me concentrer. La colère monta en moi.

« Edward STOP ! Arrête, je te raconte tout, mais arrête, j'en peux plus là ! J'ai fais une erreur, je vais tout t'expliquer, mais tais-toi... s'il te plait, c'est assez dur à supporter... »

J'inspira une nouvelle fois, longuement. Je me mordis la lèvre inférieure. Mes mains crispées étaient liées devant moi, sous le volant. J'avais fait une erreur. Je m'en voulais terriblement. J'aurais dû rester solitaire, avec Jasper. C'aurait été cette erreur en moins pour les Cullen. Chassant cette idée de mon esprit, je gardais le silence quelques minutes, ressassant mes idées. L'entrée du lycée était désert, la cloche avait sonné depuis longtemps. Plus aucun importance, nous n'irons pas en cours aujourd'hui. Mes prunelles vibrèrent un moment sous les souvenirs dont j'essayais d'en extirper le moindre détail. Alors, je me lança :

« Je me promenais dans la forêt, quand j'ai sentis une odeur. Une odeur de vampire. Mais pas Cullen, un autre. Curieuse et à la fois inquiète, je me suis perchée sur une branche pour voir qui cela pouvait bien être. Quand soudain, une femme s'est hissée sur ma branche. Elle était blonde, et... belle. Elle s'est retournée vers moi. Elle... elle n'arrêtait pas de rire. Ses prunelles étaient rouge Edward, elle n'est pas comme nous ! Et puis, oui je sais, c'était complètement idiot de ma père, et je m'en excuse mais... je me suis présentée. Alice Cullen. Alors, elle a léché ses dents, et j'ai vu qu'elles étaient bien plus longues que la normale. Alors, elle a rigolé. Elle... elle m'a dit que je lui avais fourni ce qu'elle cherchait. Notre nom. Que... qu'il fallait que j'aille vous prévenir, que ça en serait d'autant plus marrant... Edward je... j'ai vu ! J'ai vu qu'ils venaient, ils venaient nous attaquer, et on ne le savait pas. Ils nous battaient, car ils étaient deux, il y en avait un autre avec elle, et... et il avait la surprise pour avantage. Je... »

Soudain, je me tus. Mon récit avait été récité avec un débit accéléré. Alors, je souffla, n'osant croiser le regard de mon frère, tête basse.

« Je suis désolée... »

- Je te retrouve à la maison..

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